Patrick Geddes, town planner
 

Polygraphe éclectique, Geddes mène carrière aux confins de plusieurs domaines (sciences naturelles, géographie humaine, sociologie naissante, philanthropie, etc.) et en marge de leurs institutions professionnelles et savantes.
 

Engagé dans les réseaux de la réforme urbaine dès les années 1880, sa contribution au champ de l’urbanisme se situe moins dans une activité de planner, projetant des plans de villes ou de lotissements que dans une longue pratique de la mise en exposition de la ville, dans la perspective didactique et civique d’une réforme évolutionniste de la société urbaine-industrielle. Parmi les nombreux dispositifs qu’il a conçu, citons principalement l’Outlook tower d’Édimbourg, à la fois observatoire urbain, musée social et laboratoire civique, dispositif qu’il tentera de reproduire dans plusieurs autres villes (notamment à Montpellier) ; le civic (ou city) survey, méthode d’enquête qui vise à rassembler une documentation historique, sociale et géographique sur une ville donnée ; et enfin la Cities and town planning exhibition, exposition itinérante d’urbanisme qu’il monta à treize reprises (au Royaume Uni, en Europe, en Inde) entre 1911 et 1924. Impliquant certains acteurs majeurs du town planning (Raymond Unwin, Thomas Adams, John Burns, Ewart Culpin, etc.), cette exposition a révélé la tension entre la vision réformatrice et « eutopiste » de Geddes et la montée d’un urbanisme de plan qui s’est finalement imposé au tournant des années 1910.
 

Restées minoritaires en son temps et disponibles à toutes les réappropriations, les idées urbaines de Geddes, telles qu’il les a compilées dans son Cities in Evolution (Williams & Norgate, 1915), ont été régulièrement reprises au cours du XXe siècle (Lewis Mumford, Jaqueline Tyrwhitt, le Team X, Pierre Clavel, Robert Venturi, etc.), dans des domaines aussi divers que le regional planning, l’environnementalisme, la participation, la reconquête culturelle des centres anciens ou, plus récemment, la ville durable.

P. Chabard