Le fonds dit "de la Wehrmacht"
Ce fonds est composé de 700 livres essentiellement en allemand, édités entre 1829 et 1944. Il s’agit d'une littérature de distraction et de loisirs, mais conforme au régime, et de quelques ouvrages de propagande nazie.
Un legs de l’histoire de la seconde Guerre mondiale :
Lors de son départ en 1944, le Cercle militaire allemand installé dans l’Institut de Biologie de Montpellier pendant la Seconde Guerre mondiale abandonne sa bibliothèque de loisirs. François Pitangue, conservateur de la Bibliothèque centrale de l’Université, obtient alors des Forces Françaises de l’Intérieur l’autorisation d’en disposer.
Extrait d’une lettre de M. Pitangue au recteur de l’Académie, 23/10/1944 : « Le plus grand nombre, vu leur tendance de propagande, sera bien entendu placé à la Réserve de la section centrale et ne sera pas, jusqu’à ce que les circonstances ou un assez long temps le permettent, mis à la disposition des lecteurs. »
Le fonds actuel ne correspond sans doute pas à la totalité du corpus originel de cette Soldatenbücherei. Même si aucun élément ne vient le confirmer, il est possible qu'il y ait eu des pertes de titres après l'abandon à la Libération de la collection par l'armée allemande, mais aussi par la suite.
Un témoignage rare d’une Soldatenbücherei (bibliothèque des soldats):
Ce fonds se compose d’environ 700 livres essentiellement en allemand, édité entre 1829 et 1944. Mis à part les usuels (dictionnaires, lexiques et méthodes d'apprentissage de langues), la plupart des ouvrages sont des romans ou nouvelles, certains très connus et on peut trouver des ouvrages de Goethe, Theodor Storm et Joseph Martin Bauer. Il s'agit d'une littérature de distraction et de loisirs, mais conforme au régime : l'orientation "Blut und Boden", ("la race et le sol"), semble dominer. Cependant, les ouvrages de doctrine nazie proprement dite sont rares, mais on trouve notamment celui de Rosenberg (cote W 560), ou le Mein Kampf d'Hitler (cote W 437).
Par ailleurs, il est permis de supposer que certains titres de ce fonds, écrits de la plume d'adversaires du régime ou considérés comme tels, n'ont pu faire partie d'une Soldatenbücherei organisée par la Wehrmacht (par exemple le grand écrivain Thomas Mann, déchu de la nationalité allemande et émigré aux Etats-Unis).
Les seuls titres dont on est sûr qu'ils aient fait partie de la "Bibliothèque de la Wehrmacht" sont ceux qui portent des tampons de provenance du régime nazi ou de bibliothèques publiques de l’époque dont les titres ont été filtrés et agréés par les instances du régime.
Il y a plusieurs tampons de provenance :
- "Kreis Bremen der NSDAP"
- "Stationsbücherei Nord"
- "Städtische Volksbücherei (Berlin)"
- "Alfred Rosenberg-Spende für die Deutsche Wehrmacht 1939/1941". Il s’agit, ici, d'un don fait par Alfred Rosenberg, haut dignitaire du régime nazi, un familier d'Hitler. Idéologue du Parti, il a écrit des livres doctrinaires, tel Der Mythus des 20. Jahrhunderts ; nommé pendant la guerre ministre des Territoires de l'Est, il est cependant sans influence puisque la réalité du pouvoir tant politique que militaire lui échappe.
Pour être mobile, cette bibliothèque était entreposée dans des caisses de transport numérotées et spécialement conçues à cet effet par la marine allemande. L’examen des caisses a permis de formuler l’hypothèse qu’elles avaient été expédiées par le commandement supérieur de la marine de guerre à Berlin, et auraient ensuite été transférées de Berlin à la bibliothèque du commandement de la station de marine de Wilhelmshaven (port située en Mer du Nord en Allemagne) en transitant par Leipzig, puis peut-être en bateau probablement jusqu’à Sète (où la marine allemand était stationnée).
Les ouvrages conservés ainsi que quatre de leurs caisses originales de transport (probablement au nombre d’une dizaine à l’origine) sont un témoignage rare d’une Soldatenbücherei.
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Ces ouvrages sont recensés dans le catalogue informatisé de la BIU.